Lignes de Ryû Murakami

8 Juil

Que deviennent les hommes lorsque leur propre humanité a fini par déserter ? Victimes d’une solitude extrême, en proie à leurs pulsions violentes, les
passants qui hantent Lignes s’entrecroisent, sans que leurs destins s’en trouvent modifiés ou enrichis. Tout au plus pourra-t-on remarquer une cicatrice de plus, un espoir déçu supplémentaire. La désincarnation est telle que Ryû Murakami rend la compassion presque impossible et bien que l’on soit assailli par la froide vacuité de ses personnages, la sympathie à leur égard n’est pas chose évidente. L’exposé n’en est que plus magistral, la stérilité du monde ici dépeint contamine la lecture, hésitant entre vertige et nausée. Lignes est un roman perturbant, car la violence machinale qu’il met en scène n’a ni vocation spectaculaire, ni visée moraliste. Aucune provocation de la part de l’auteur, dont la finesse et la fluidité narrative laissent s’écouler de la façon la plus naturelle possible cette nuit ordinaire à Tokyo.

Ryû Murakami est un auteur où je peux être soit déçue (Bleu presque transparent), soit conquise (Les bébés de la consigne automatique).

Ce roman nous fait découvrir 20 vies. Vingt personnages où on découvre un moment de leur vie. Si chaque histoire peut paraître inachevée, elles permettent justement d’y mettre sa propre touche. Puis le « cas » suivant est tellement bien mis qu’on ne se rend pas réellement compte qu’on n’a pas une fin à ces histoires. Comment va-t-il s’en sortir ? Y-a-t-il un échappatoire ? Où va-t-il-se retrouver ? Beaucoup de questions qui ne trouveront pas de réponses. Et cela est sans importance.

Comme souvent Ryû Murakami nous partage les souffrances d’une population japonaise qui ne sait pas comment vivre, voir survivre. On parle de plusieurs thèmes récurrents dans ses romans : sexe (homosexuel ou sadomaso), de macchabés, de paranoïa, etc.

L’auteur est parfois cru dans ses propos, jusqu’à l’insoutenable dans les scènes de torture.

Il y a tout de même une ligne directrice dans ces histoires ; les « lignes » radios ou téléphoniques. Le premier personnage, Mukai, fraichement divorcé veut en apprendre plus sur les coups de téléphone de son ex-femme. Lors d’une de ses séances sadomaso, la jeune prostituée lui parle justement d’une étrange femme qui peut lire à travers ces lignes.

Des comportements hors-normes et violents, à la limite de la normalité, un découpage du livre innovant, vous découvrez les évènements qui se passent en une nuit auprès de 20 personnes différentes dans le Japon contemporain.

Voilà un très bon roman avec lequel on ne s’ennuie pas.

4 Réponses to “Lignes de Ryû Murakami”

  1. Luthien 9 juillet 2011 à 09:03 #

    J’ai lu Parasites de cet auteur et même si c’était un peu étrange, j’avais bien aimé. Celui-ci a l’air bien, je le note !

    • endorphinage 9 juillet 2011 à 16:16 #

      Je pense que tu peux tester directement « les bébés de la consigne automatique » XD

  2. Luna 11 juillet 2011 à 10:38 #

    Je note !
    Je ne connais pas du tout l’auteur, mais ton avis m’incite vraiment à le lire…

    Merci d’être passée 🙂

    • endorphinage 12 juillet 2011 à 17:09 #

      Il n’est pas difficile à lire (la traduction est plutôt bonne également), n’hésite pas à le découvrir^^

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